Ce moment de mon arrivée sur le terrain en est un que j’anticipe toujours avec beaucoup de bonheur et d’émotion.
Posée là, immobile, on pourrait presque l’oublier. C’est pourtant inimaginable de ne pas la remarquer. Ses courbes si gracieuses, son élancement, sa manière unique de tourner la tête, tout cela et bien plus devrait la rendre immanquable.
Et pourtant, nombreux sont ceux qui l’ignorent et passent devant sans la prendre en compte, sans céder à son charme. Quel dommage ! Tant mieux pour moi !
Et pourtant elle n’est jamais voilée, ou recouverte. Elle n’est que très exceptionnellement protégée. Toujours nue au regard de tous. Exposée et pourtant pas impudique.
Rodin et Claudel réunis ne la renieraient pas. Ils sauraient, mieux que moi, magnifier sa beauté. Immortaliser son profil unique. Et c’est plutôt Verlaine ou de Nerval qui auraient pu en être les chantres avec leur verve romantique.
Moi je me contente de la remarquer, de la regarder, de la toucher du regard, de la main.
Les termes qui pourraient la qualifier, bien qu’en dessous de la réalité, sont rigidité, froideur, mais aussi courbes, finesse, ligne, élancement, sensualité, grâce.
Je ne résiste pas et j’y cède volontiers.
De prime abord je l’approche avec déférence, respect et même avec un peu de prudence. Toute belle soit elle, elle peut cingler violemment.
Je l’observe, la scrute. Je ne veux ignorer aucun détail, aucune courbe. Chaque grain de sa peau a son importance. La lumière se reflète et apporte des tons froids et métalliques mais aussi une chaleur animale.
L’œil se fixe d’abord sur le pied solide et bien planté qui lui confère sa puissance et sa force indéniable. Puis je remonte sa ligne fine, gracieuse et pure et profite de la fuite d’une courbe et de la pureté de son galbe. Mon regard note immanquablement chaque aspérité de son épiderme et les marques légères de sa vie de voyages. Ici je remarque la trace de l’air et des éléments auxquels elle s’expose généreusement. Cette riche expérience contribuant à son charme donne une texture à sa plastique de rêve, une richesse évocatrice.
Puis vient le moment essentiel où je tends timidement la main. Avec délicatesse, doucement, je commence du bout des doigts. Captant le grain si particulier de chaque centimètre carré. Explorant ses formes toniques et si douces à la fois. Mais rapidement, saisie par l’emportement, la paume entière y passe. Ce que le regard promettait, le toucher de la main délivre. Selon la manière de l’aborder on découvre pleins et déliés comme la calligraphie d’autrefois. Tranchant et rondeur s’opposent et se complètent en même temps. Comment tant de contradictions apparentes peuvent-elles exister ainsi réunies ?
Et puis, parfois sur son corps je découvre une marque plus profonde, une véritable cicatrice. Une blessure d’un accident ou d’un abus. Une trace de son histoire. Curieusement cela apporte à sa beauté comme un contraste essentiel à l’équilibre de l’image.
Son action est essentielle et lui confère une importance suprême mais elle est aussi un symbole. L’incarnation d’une âme. Une Muse révélatrice de talents et d’envies.
Mais il est temps. Même si je souhaiterais m’attarder, continuer à céder à son charme, je ne le peux. Je sais qu’elle ne sera pas loin, devant moi à jouer son rôle. Mais tout de même. Je dois poursuivre mon chemin autour de l’avion et quitter cette hélice …
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