Les arbres l'accrochent comme autant de doigts,
Les collines lui donnent un lit pour s'étendre,
Elle nous couvre de son manteau froid,
Elle reste sans nous entendre.
Même la plaine est engourdie,
Les villages sont transis
Tout semble à jamais paralysé
Par ce monstre enveloppant et fluidisé.
Nous sommes pilotes et nous savons
Que là haut se trouve le soleil à foison
Mais ici bas nous sommes recouverts
Par cette consistance de l'air.
Alors nous profiterons de cette lassitude
Nous nous replierons dans les vastes hangars
Pour payer de toute notre gratitude
Nos aigles, nos étendards.
Nous entretenons, nous réparons,
Nous astiquons, nous cajolons,
Remerciant le ciel jugé mauvais
Pour ce bonheur qui nous satisfait.
Plus tard, ce travail nous sera rendu
Dans les champs d'azur étendus,
Sous forme d'envolées mythiques
Et de souvenirs homériques.
Voilà à quoi est utile ce coton diaphane
À anticiper nos vols à venir
À bord de nos aéroplanes.
Et nous le remercions de survenir.
Puteaux, le 14 novembre 2012