G1 Aviation
Il y a plusieurs semaines déjà, j’avais décidé de partir à la découverte d’un monde qui m’était quasiment inconnu. Ce n’est pourtant pas faute d’y avoir été confronté à plusieurs reprises, mais un certain atavisme familiale (je parle de ma famille aéronautique) m’avait freiné jusque là.
Samedi dernier j’ai donc décidé de percer ce mur invisible, mais tout à fait réel, qui séparait pour moi le monde de l’aviation certifié et celui des Ultra Légers. Je me suis rendu au Salon ULM Blois 2013, le 33ème du genre !
Ce fut une révélation, une véritable bouffée d’air pur extrêmement rafraichissante. Avant d’en dire plus, je vous invite à lire les lignes ci-dessous que j’ai composé une semaine avant en vue d’un autre article.
«Mon été a été relativement aéronautique, j’ai eu l’occasion de voler un peu plus que d’habitude et de rencontrer un grand nombre de pratiquants, mais aussi des professionnels, des instructeurs, des responsables de clubs et surtout des spectateurs de cette activité magnifique. J’ai passé des heures à discuter avec beaucoup d’entre eux. Et puis j’ai observé les aéronefs qui volaient sur les petits terrains que j’ai pratiqué. J’ai beaucoup lu aussi: la presse, les forums, les médias électroniques.
Tout cela a généré quelques réflexions:
- Au plus fort de la crise, avec une augmentation impressionnante des prélèvements obligatoires et une augmentation quasi constante du prix de l’heures de vol depuis des années on constate toujours autant de passion chez tous ceux cités ci-dessus.
- Beaucoup parlent plus des grandes années passées (et qu’à bientôt 50 ans je n’ai pas connus), des largesses de l’état autrefois que de l’avenir et de ses promesses. Comme s’il n’y avait qu’un seul modèle possible.
- Je vois un parc d’avions de clubs toujours aussi vieillissant avec des statistiques de sécurités qui stagnent malgré l’implication forte de beaucoup.
- Je vois des gens passionnés qui renoncent avant même de commencer lorsqu’ils entendent le prix moyen de l’heure de vol en avion.
- Je vois un grand nombre de gens dynamiques qui se battent contre un courant ambiant négatif et pessimiste.
- Je lis beaucoup d’articles nostalgiques et larmoyants.
Cela provoque en moi un sentiment partagé et déchirant.
J’aimerai voir des articles concernant les performances passées d’avion ou d’individus sans voir les mots injustice ou incompréhension, ou encore pire: "c'était la belle époque". Si un avion, aussi fabuleux soit-il, n’a pas eu le succès commercial souhaité c’est que les conditions du succès n’étaient pas au rendez-vous. Ou est l’injustice ? Il n’y a pas de nostalgie ou de rancune à abriter mais plutôt une volonté farouche d’en tirer les leçons pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. C’est la vocation primordiale de l'Histoire. Sachons regarder les développements passés avec lucidité pour en tirer les bonnes idées et tirons des conclusions honnêtes des échecs sans complaisance ni parti pris.
J’aimerai voir des jeunes pilotes qui ne terminent pas leurs formations initiales sans maitriser les bases des outils modernes d’aide au pilotage, en plus des pratiques traditionnelles. Le GPS, les outils internet, les tablets sont autant d’outils sur lesquels ils vont foncer dès qu’ils seront livré à eux-mêmes. Penser le contraire est une illusion. Avec un peu de chance ils demanderont conseils. Malheureusement, pas toujours à leurs instructeurs car ce sont les mêmes instructeurs qui ont souvent martelés de ne pas faire confiance à ces outils. Heureusement la confrérie des pilotes apporte beaucoup d’aide mais ne serait-il pas plus simple de l’intégrer directement dans la formation initiale.
J’aimerai voir les pilotes plus anciens aborder les outils modernes avec moins de craintes, et entendre un peu moins des phrases du type «jamais je ne volerai sur avion avec glass cockpit, je suis trop vieux, je n’arriverai pas à apprendre». Ce type de sentiment, tout compréhensible qu’il soit, est choquant. Le pilotage est certainement une des activités qui pose le plus de challenges au niveau intellectuel et sensoriel. Des pilotes aguerris ne sauraient pas se former a des EFIS ? C’est moins stressant et bloquant qu’une panne en campagne tout de même ? Pourquoi ont-ils si peu confiance en eux ? Peut-être connaissent-ils déjà leurs limites sur les outils informatiques qu’ils utilisent de façon empiriques aujourd’hui ? La réponse se trouve déjà, un peu, dans la question. La formation et l'entraînement, comme toujours, seront des clés de succès. D’autant, que ces outils modernes, lorsqu’ils sont réellement bien utilisés et maitrisés, contribuent fortement à l'allégement de la charge du pilote et à la réduction de risques.
J’aimerai voir une approche plus cohérente et logique de la part des différents intervenants de notre environnement. Pour exemple, nous savons depuis longtemps que le bruit des avions est à l’origine de plus de 60% des nuisances perçues par les riverains des aérodromes. Et pourtant, la réduction de l’empreinte sonore n’est pas la priorité première des constructeurs. Les pots d’échappements avec silencieux restent une option à installer après l’achat par le propriétaire. D’un point de vue économique, on se prive de toute économie d’échelle liée à une production généralisée. Et pourtant, les nuisances sonores sont aussi un problème aux Etats Unis, pays des plus gros constructeur.»
QUIK R Explorer
Après relecture je ne me suis pas reconnu dans ces lignes. Je les trouvais agressives, partiales et relativement pessimistes. Ce n’est pas le ton que je souhaite donner à mes chroniques. je mis cela sur le compte d’un blues de fin de vacances. Blois 2013 a complètement renversé mon état d’esprit. C’est avec quelques mots que je vais vous l’exprimer.
Organisation: en raison d’une météo aléatoire à mon point de départ je me suis rendu sur le site en voiture pour découvrir une organisation fluide, avec un fléchage plus que suffisant. L’organisation du site était simple et propice à des échanges faciles avec les exposants. Les machines étaient toutes complètement libres d’accès. Pas de fil ou de barrière pour refouler les visiteurs. Dès le départ j’ai eu le sentiment que ce salon était pour moi, le visiteur, pour me charmer et me donner envie. Pas une seule fois au long de la journée je n’ai entendu ou vu des exposants être obligés de refouler des visiteurs peu respectueux des machines. Le visiteur n’est donc pas un sauvage ?
Accueil: j’aurais pu utiliser chaleur aussi. Que ce soit les membres de l’organisation ou les exposants, la facilité et la qualité de l’accueil fut excellente. La gentillesse et la patience de tous fut exemplaire. Je n’ai croisé absolument aucun esprit chagrin de la journée. Tous ont répondu à mes questions sans le moindre signe d’impatience ou de condescendance. Tous furent d’une disponibilité que l’ont rêverait d’avoir dans d’autres salons. Il ne falait pas d'inviation spéciale pour aller sur un stand ! Les exposants étaient vraiment là pour nous les visiteurs.
Sérieux: au long de la journée je n’ai cessé d’entendre les pilotes, les professionnels, les cadres de la Fédération parler d’amélioration des machines, de réduction des accidents, de qualité de l’instruction, etc. L’image d’une communauté de sans foi ni loi date résolument. La communauté des «ulmistes» est une communauté mature consciente des ses droits mais aussi des ses devoirs et des ses responsabilités.
FK14 LE MANS
Innovante: c’est une certitude. Le monde ULM est un monde varié, riche et inventif. Les technologies nouvelles y sont testés et les idées nouvelles peuvent s’exprimer. Cette richesse et la rapidité de mise en oeuvre contribue à l’atmosphère de fraicheur. Le poids des réglementations et des obligations de l’aviation certifié freine les ardeurs des constructeur d'avions. Pour les ULM il n’y a pas ce problème. On y voit donc émerger des concepts impossibles en aviation certifiée.
Multiples: et combien ! Le monde des ULM ce n’est pas seulement des avions plus petits ou plus légers. Ce sont les paramoteurs, les pendulaires, les autogires, les trois axes, les hélicoptères. Que de choix, que de possibilités d’expériences nouvelles ! La passion sans borne qui s’exprime de façon brute mais toujours très professionnelles.
MACH 7 à BLOIS
Coups de coeur:
- Pour la conférence «Comment va l’ULM ?» qui fut un plaisir de franchise et de transparence avec Monsieur Dominique Méreuze, Président de la FFPLUM, et Monsieur Patrick Gandil, Directeur Général de la DGAC. Les dossiers à traiter ou problématiques furent abordés en toute lucidité. La séance de questions / réponses fut exemplaire
- Pour l’accueil extrêmement amical sur l’ensemble des stands et plus particulièrement chez G1 Aviation, Aerotrophy et Mach 7 où toutes mes questions et remarques étaient accueillis simplement et directement.
Pour finir je souhaitais remercier chaleureusement l’ensemble des personnes du stand P&M Aviation qui présentaient les pendulaires Quik R. Ils ont été particulièrement exemplaires par leur disponibilité, la qualité de l’accueil et leurs explications. Cerise sur le gâteau, ils m’ont permis d’expérimenter en vol cette branche de la famille aéronautique. Ce fut un enchantement et un grand plaisir. Encore merci à eux.
En résumé, et pour définitivement chasser le blues de la rentrée, l’aviation légère a réellement un avenir riche et sa branche la plus légère en est un des piliers. Et un pilier tellement riche que l’on peut y perdre la tête !